Notre voyage en Namibie se poursuit vers le Parc National d’Etosha.
En dialecte nama, Etosha signifie « Le grand vide ». Situé à 400 km au nord de Windhoek, le parc national d’Etosha s’étend sur 22 000 km². Territoire découvert au milieu du XIXème siècle par les européens, Etosha a d’abord été déclarée réserve animalière en 1907, puis a officiellement obtenu, par les sud-africains, le statut de parc national en 1967. Vaste mer intérieure tarie, le Pan est aujourd’hui un lac salé partiellement asséché de 5000 km² implanté au centre du parc visible de l’espace, qui se transforme en point d’eau pour les animaux durant la saison humide (de Novembre à Avril). La grande faune Africaine y est largement représentée même si l’un des Big Five (le buffalo) ainsi que les hippopotames et les crocodiles ne sont pas présents.
Galton gate, Etosha
Comme nous avons suivi la rivière Kunene entre Epupa Falls et Swartbooisdriff (c’est d’ailleurs un petit détour qui vaut le coup avec de très beaux points de vue sur la rivière et de belles rencontres avec les Himbas) avant de rejoindre à nouveau Opuwo, nous arrivons trop tard dans l’après-midi pour entrer directement dans le parc d’Etosha. Nous décidons donc de passer la nuit à l’Hobatere roadside campsite, dans lequel les rumeurs de voyageurs disent que les lions affectionnent cet endroit. Nous passons une très bonne soirée dans ce camping calme et très bien aménagé avec en contrebas un point d’eau où viennent s’abreuver éléphants, girafes, zèbres et autres koudous, mais nous ne serons malheureusement pas dérangés par les lions.
Réveil matinal et c’est par la « Galton Gate » située à quelques kilomètres que nous entrons à l’Ouest du parc. Longtemps réservée aux agences, cette partie du parc à l’Est d’Okaukuejo est aujourd’hui ouverte à tous. Quelques centaines de mètres parcourus et nous croisons déjà la route de quelques springbok, oryx et surtout pas mal de tsebee. Nos amis qui vivent en Namibie nous ont averti que depuis le covid et la longue fermeture du parc au tourisme toutes les espèces ont proliféré et de nombreuses naissances ont eu lieu. Nous vérifions la véracité de ces infos, notamment avec l’observation d’innombrables jeunes rhinocéros au cours du séjour.
Camp d'Olifanstrus, Etosha
Nous arrivons vers midi au camp d’Olifantsrus. Comme nous n’avons jamais visité cette partie du parc, nous décidons de passer la nuit dans ce camp pour explorer la région. Tous les emplacements de camping sont pleins, mais la personne du parc nous propose de nous installer à la fermeture du camp dans la zone réservée aux pauses déjeuner. Comme nous avons les tentes sur le toit, ce n’est vraiment pas un problème et nous serons sans voisins, bien tranquilles pour la nuit. Le plus de ce camp c’est qu’aucun chalet n’est à disposition, cela limite donc le nombre de voyageurs et réduit la surface du camp par rapport à Okaukuejo qui reste malgré son emplacement au centre du parc, très fréquenté.
Après avoir passé un peu de temps dans l’observatoire qui surplombe le point d’eau artificiel du camp où il est possible de voir à hauteur de nombreuses espèces venues boire : gnou, oryx, zèbre …Les rhinos viennent le soir quand le point d’eau est éclairé par une faible lumière et que la brousse résonne de mille sons, ce sont des expériences fascinantes. Nous repartons en safari dans l’après-midi aux alentours du camp.
L'histoire d'Olifanstrus
Olifantsrus est marqué par un passage difficile. En effet, dans les années 1980, de nombreux éléphants sont arrivés très probablement du Nord Ouest de la Namibie (où sévissaient les braconniers pendant les opérations militaires Sud Africaine). De 1300 têtes en 1973 les éléphants étaient plus de 3000 en 1983. Les ressources du parc en eau et en nourriture ne suffisaient pas pour sauvegarder toutes les espèces. Les autorités on donc décider de « limiter » en nombre les éléphants. C’est donc 525 éléphants qui ont été tués et dépecés entre 1983 et 1985 dans ce camp où subsiste pour la mémoire, la grande et impressionnante potence rouillée qui servait à suspendre les animaux.
Le camp d'Okakuejo, Etosha
Réveil matinal, aux alentours de 5h30, cette année – Septembre 2022 – la température est plus clémente en cet fin d’hiver austral et c’est donc plus facile de se lever que certaines années où nous avions des températures de -3° le matin. Petit déjeuner et rangement du matériel à la nuit, et nous sommes prêts à 6h45 quand les portes du camp s’ouvrent sur le bush. De nombreuses voitures s’éparpillent sur les pistes, chacun bien souvent ayant déterminé son parcours la veille.
Pour nous, direction l’Est et le camp d’Okaukuejo. Pour rejoindre cette partie, il n’y a pas beaucoup de pistes, seuls quelques petits détours permettent de sortir de la piste principale. Nous roulons donc de point d’eau en point d’eau (presque tous artificiels à cette période de l’année).
La grande faune africaine est présente et c’est avec joie que nous tombons sur une première famille de lions au point d’eau de Bitterwater. La troupe composée d’un mâle, de lionnes et de jeunes observe depuis une termitière les allers et venues des herbivores. Quelques téméraires passent assez près du groupe, ce qui déclenche automatiquement du mouvement et des semblants d’attaque mais rien de sérieux ! Après avoir passé plus d’une heure et demie à les observer, nous reprenons notre route.
La chaleur commence à monter (il fait anormalement chaud pour cette saison) et la réverbération du soleil sur la terre blanche commence à troubler les formes des animaux. Quelques kilomètres plus loin, près du point d’eau de Sonderkop, belle rencontre avec une lionne et ses 4 jeunes lionceaux. Les jeunes très curieux et intrigués par une voiture de safari rodent autour de celle-ci avant qu’un mâle qui guettait sous un taillis vienne remettre un peu d’ordre et que la troupe s’éloigne dans le bush. Nous croisons également un rhinocéros avant d’arriver au camp d’Okaukuejo.
Il est 13h, le soleil tape fort et après l’enregistrement nous partons pour trouver un emplacement de camping dans le camp. Il faut avouer que le camping d’Okaukuejo n’est pas à la première impression (ni à la seconde d’ailleurs…..) très accueillant. Les emplacements sont assez proches les un des autres, l’ombre quasi inexistante et le sol très poussiéreux mais avec des douches chaudes le soir et une piscine accessible aux campeurs donc un vrai campement de luxe. Nous installons notre camp assez près du grillage avec vue sur le bush, petit repas à l’ombre (ou presque de la voiture) accompagné par quelques écureuils du cap venus quémander quelques miettes et direction la piscine.
Nous laissons passer la chaleur et vers 16h nous repartons en safari. Pas de prédateur cet après midi, mais quelques beaux point de vue sur le pan blanc.
Point d'eau la nuit
Retour au camp au coucher du soleil, heure limite pour revenir dans le camp avant que les grandes portes séparant le monde sauvage du camp ne soient fermées pour la nuit. Comme chaque soir nous installons notre campement, petit douche et préparation du dîner. Nous dinons assez tôt car à Okaukuejo comme dans les autres camps, l’activité principale du soir est l’observation au point d’eau éclairé la nuit. Dès la tombée de la nuit les espèces plus farouches (rhinos, hyènes, éléphants, girafes…) sortent en silence des bosquets pour venir se désaltérer dans une ambiance feutrée offrant au voyageur une expérience très différente de la brousse le jour.
Le lendemain en fin d’après-midi, nous aurons même la chance que des lions soient au point d’eau et jouent à un faux cache-cache avec un troupeau de girafes.
Seconde journée à Okaukuejo. Après le rituel habituel du matin, nous décidons de partir vers le centre du parc et quelques points d’eau connus qui attirent souvent des prédateurs. Notre pari est gagnant car à Homob nous tombons sur une dizaine de lions ayant investi le point d’eau.
Et plus loin dans la matinée sur un groupe formé de deux mâles et d’une lionne à Rietfontein. Belle journée de safari complétée par l’observation de plusieurs rhinos. Retour au camp, (Julie apprécie la piscine entre 14h et 16h) avant de rejoindre plus au sud les savanes parsemées d’acacias.
Camp d'Halali, Etosha
Ce matin, nous changeons de camp, la nuit prochaine est prévue à Halali, le camp au centre du parc et aujourd’hui, c’est la journée léopard qui semble programmée. Sans savoir pourquoi, alors que l’on peut passer des jours à chercher cet animal, nous avons l’occasion d’en observer deux fois.
Le premier, un gros mâle est en chasse dans le bush épais, nous avons parfois du mal à le voir car il est assez loin de la piste. Nous le suivons sur quelques dizaines de mètres puis il se met à l’affut couché dans les herbes. Un troupeau de springbok arrive vers lui en broutant. Nous attendons (lui aussi !) ainsi plus de 30 minutes. Les gazelles se rapprochent de plus en plus, le léopard est comme écrasé dans les herbes, silencieux… La première gazelle est à moins de 5 mètres de l’animal, l’excitation monte dans la voiture, nous sommes sur qu’il va chasser. En une fraction de seconde le bush se transforme, plus aucun bruit, le léopard a bondi, c’est la panique dans le troupeau mais également une sensation de puissance extraordinaire qui se dégage…La gazelle a bondi du bon côté et a réussi à s’enfuir mais il s’en est fallut de peu.
La seconde rencontre est également éloignée mais émouvante. Sur une branche d’acacia, au loin la forme féline se dessine en contre jour. Un adulte pose près de sa proie (une springbok) qu’il a dû chasser cette nuit. Nous l’observons pendant quelques minutes avant de voir apparaitre en bas de l’arbre un jeune léopard qui tente de rejoindre sa mère (nous pensons) pour participer au repas. Furtive apparition, puisqu’il redescend se cacher très rapidement dans les herbes.
Déjeuner à Halali, toujours à la recherche de l’ombre et sans piscine aujourd’hui (elle est en réfection). Nous profitions de cette halte du déjeuner pour prendre un peu de repos, une bonne douche, un rasage nécessaire et faire un peu de rangement et de dépoussiérage dans la voiture. L’après-midi est plus calme et la lumière de fin de journée offre de belles opportunités de photos.
Nord Est d'Etosha
Dernière journée dans le parc. Après Etosha Lookout, un point de vue qui permet de se retrouver presque entouré de pan, nous suivons ce matin les pistes qui longent ce fameux lac asséché pour faire des photos différentes. Passage à Okerfontein avant de rejoindre Namutoni. Dans cette partie du parc, les incendies ont cette année détruit pas mal de végétation et des zones entières de bush noircies contrastent avec le jaune des herbes et le blanc très lumineux de la terre.
Nous arrivons tôt à Namutoni. Comme nous ne connaissons pas le nord, nous décidons de faire un détour et de sortir par la porte « Andoni » tout au nord. Pas très logique puisque nous dormons ce soir à Tsumeb mais bon. Quelle bonne idée !! Nous croisons deux guépards à Fisher’s Pan. Ce sont les premiers que nous voyons cette année.
Un peu plus loin, nous assistons à une scène loquace au point d’eau d’Okevi. À notre arrivée six hyènes ont pris position (et possession) dans le point d’eau et se baignent allègrement pour se rafraîchir entourées par un groupe important de koudous qui voudrait bien boire. C’est l’arrivée en fanfare d’un éléphant qui lui n’a pas du tout envisagé de partager l’eau qui disperse sans état d’âme tout ce petit monde.
Nous remontons vers Andoni, à Tsumcor nous tombons sur un énorme et dernier troupeau d’éléphants, nous profitons du spectacle pour entamer notre pique nique dans la voiture avant de quitter le parc d’Etosha qui une fois encore à tenu toutes ses promesses en terme de rencontre avec la grande faune.
Nous vous recommandons
- Hobatere roadside campsite, situé à 500m de la Galton gate, entrée ouest d’Etosha. Très chouette camping, bien aménagé avec un bon plan d’eau pour observer des animaux.
Que d’animaux ! Beau travail de mise en page…On sent la chaleur et la poussière.
J’ai eu bien du mal à choisir les photos parmi toutes celles qu’on a prises !
Magnifique reportage, que de belles photos ! Et l’histoire d’Olifanstrus avec la potence restante est saisissante. Continuez de nous faire rêver, apprendre et voyager 🙂
Merci Natalie de ton enthousiasme.