Chez les Himbas

Jeune Himba

Notre voyage se poursuit dans les terres arides et austères du Kaokoland à la rencontre des Himbas. Le Kaokoland est l’une des terres les plus reculées d’Afrique.

L'arrivée chez les Himbas

De la terre des éléphants, nous prenons une piste bien caillouteuse pour rejoindre les terres des Himbas. Notre moyenne est de 20km/heure car d’Orupembe, nous avons choisi de rejoindre Opuwo par la terrible piste D3707. Nous croisons les premiers Himbas. Nous passons devant un camp où les femmes nous saluent. Le temps semble arrêté dans ce coin du monde loin de tout. Puis, nous continuons vers Onjuva, grand village avec plusieurs cabanes en tôle, une école et un dispensaire qui attirent du monde. Les femmes himbas sont en tenue traditionnelle et les hommes en tenue européenne. Deux mondes se côtoient.

Village Himba
Campement himba dans le Kaokoland ©La Petite Aventure

Ici, nous sommes dans la zone d’Orupembe Conservancy. Les anciens bâtiments de la mine de marbre à Onjuva ont été repris et transformé en camping pour les voyageurs de passage comme nous. Marble Campsite est situé sur un lit de rivière asséché, les emplacements sont bien installés avec éviers et zone de braai. Douches chaudes et toilettes. C’est un camp géré par la communauté et c’est juste incroyable d’avoir tout ce confort au milieu de nulle part. Après 9h de piste et seulement 271km, la douche chaude est juste un délice.
Ensuite, nous nous attaquons à réparer notre pneu. Nous avons des mèches et un jeune type nous aide pour les installer correctement.
Nous passons une douce soirée dans la tiédeur africaine.

Ciel chargé en Namibie
Soirée africaine ©La Petite Aventure

Quelques mots sur l’origine des Himbas

Les Himbas appartiennent à la grande famille du peuple Bantou, (bantou se traduisant par « humains » en kikongo et définissant une typologie de langage). Le peuple Himba est de religion animiste, ce qui signifie que leurs croyances en les âmes et les esprits prennent source dans tous les éléments naturels et les êtres vivants. Uniquement présents en Afrique australe, les Himbas sont principalement établis au nord de la Namibie, dans le désert côtier du Kaokoveld. Une petite partie vit également sur la rive angolaise du fleuve Kunene, frontière naturelle, entre l’Angola et la Namibie. Leur population regroupe environ 12 000 individus, répartit sur 30 000 km2. Ce sont originellement des pasteurs nomades (éleveurs), devenus chasseurs cueilleurs par la force des choses.

Himbas sur la piste
Himbas ©La Petite Aventure
Bijoux d'une himba
Jupette d'une femme himba ©La Petite Aventure

Un peu d’histoire, pendant la colonisation de l’Afrique et plusieurs décennies ils furent forcés de délaisser leur mode de vie traditionnel nomade pour travailler aux côtés des colons portugais. Puis, vers 1920, l’Afrique du Sud leur affecte une réserve où ils sont contraints de s’installer à l’emplacement actuel de la Namibie, alors sous influence sud-africaine. Sans autorisation de pratiquer le commerce ni de faire brouter du bétail, les Himbas pratiquaient la chasse et la cueillette pour survivre et sont réduits à mendier.

Chevaux d'une himba
Chevelure himba ©La Petite Aventure

C’est à cette époque que l’appellation « Himba » leur a été donné, elle signifie « Mendiants »... Ce n’est qu’après la décolonisation que les Himbas retrouvent leur liberté et se fixent définitivement dans la zone actuelle où ils vivent. Dans les années 1970, ils détiennent le plus gros cheptel africain, 130 000 têtes, qu’une série de sécheresses viendra malheureusement décimer.

Rencontre avec les Himbas

Le lendemain, nous roulons plein est vers Opuwo et traversons de nombreux campements qui pour la plupart sont abandonnés. En effet, la dernière grande sécheresse a décimé encore un peu plus le bétail et obligés les himbas à se rapprocher des villes. Les himbas survivent avec difficultés.

Jeune himba et son bébé
Jeune Himba avec son bébé ©La petite Aventure

Le peuple des femmes rouges

Face aux nouvelles menaces d’un monde moderne qui ne leur veut pas forcément que du bien, les femmes modèles de courage et d’endurance, apparaissent comme les véritables garantes de la tradition himba. Nous en croisons quelques unes sur le bord de la route. On s’arrête, on échange comme on peut, certaines femmes sont très bavardes, nous ne comprenons rien mais rigolons beaucoup. Elles se prennent parfois au jeu et posent devant l’objectif. Et sont écroulées de rire quand on leur montre la photo.

Selfie avec une himba
Petit selfie ©La Petite Aventure

« Être aussi résistante et belle qu’une vache rousse », c’est ce dont rêve les femmes Himbas. La terre rouge du Kaokoland mélangée à de la graisse de vache dont elles s’enduisent le corps est censé y contribuer.
Les femmes prennent de l’hématite, une pierre rouge qu’il faut une fois par mois aller extraire d’une carrière de la région quand on ne l’achète pas. Reste ensuite à la réduire en une poudre la plus fine possible. Puis, elle est mélangée à de la matière grasse de vache autrefois conservée dans une corne. Dans l’intimité de leur case, les femmes s’enduisent de la tête (chevelure comprise) aux pieds de cet onguent qui rend leur peau soyeuse et les protègent des rayons du soleil. Les jupettes en peau de chèvre plissées sur les fesses découvrent juste le haut des cuisses. Chaque jour, le vêtement est graissé longuement pour éviter qu’il ne durcisse et rende la marche inconfortable. 

Poitrine d'une himba
Décoration himba ©La Petite Aventure

Les femmes ne se lavent jamais, elles font des fumigations. Dans une écuelle en terre cuite, de la résine de Commiphora, un genre d’arbre à myrrhe, se consume sur quelques morceaux de braise en généreux panaches blanchâtres. Un petit coup sous les aisselles, un autre sous la jupette, de quoi rester fraîche jusqu’au soir !

Vieille himba devant sa hutte
Vieille femme himba devant sa hutte ©La Petite Aventure

Le mode de vie des Himbas

Sur le bord la piste, quelques Kraal ceinturés de tronc de mopanes et d’épineux abritent quelques huttes en terre séchée. Le cheptel occupe une place centrale dans leur vie matérialisée de façon importante dans leur campement, puisque toutes les huttes sont disposées de manière circulaire autour de l’enclos des bêtes.

Source de lait, de viande, de cuir ou d’excréments servant à la construction de l’habitat, les vaches assurent l’essentiel de l’existence des Himbas. Chaque homme se doit d’en posséder le plus possible. Symbole de richesse, le bétail est un moyen de s’assurer d’un statut social respectable et de survivre dans cet environnement difficile.

Rire avec des himbas
Jeunes himbas dans le Kaokoland ©La Petite Aventure

Les pluies sont rares cette année, les hommes sont partis depuis plusieurs semaines avec les bêtes pour rejoindre des points d’eau. Ce sont les femmes qui sont les gardiennes de l’enclos et des traditions. Chaque jour, elles partent à plusieurs kilomètres pour chercher de l’eau et du bois. Nous faisons quelques rencontres sympas avec ces femmes.

Troc avec des himbas
Rencontre avec toute une famille Himba ©La Petite Aventure

Les femmes doivent aussi se débrouiller pour gagner un petit pécule en vendant aux touristes de passage quelques bijoux et autres babioles. Nous contribuons à notre façon en achetant quelques bracelets et un rhino en bois.

Les himbas aujourd'hui

Notre fils, 20 ans, qui voyage avec nous depuis sa naissance, prend conscience de cette ethnie qui vit hors du monde, du décalage colossal entre leur mode de vie et le nôtre. Et finalement il se rend compte que ces personnes n’ont pas grand-chose et sont heureuses. Nous avons des discussions intéressantes sur cette société de consommation dont nous faisons partie. Ces voyages qui vous sortent de votre zone de confort sont parfois difficiles mais je pense nécessaire pour réfléchir et se poser quelques questions…Au retour en France, on relativise et on se rend compte qu’on a beaucoup trop de choses qui ne servent à rien !

Jeunes femmes himba
Jeunes himbas ©La Petite Aventure

Notre journée se termine à Opuwo, la ville « la plus africaine » de Namibie. Ici se côtoie des himbas en habit traditionnel, des femmes héréros, des jeunes branchés. Des étals de marché remplissent les trottoirs, des marchands ambulants proposent différentes petites choses. C’est un joyeux bazar qui contraste avec la capitale Windhoek si ordonnée.

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2 Replies to “Chez les Himbas”

  1. Jean pierre Roche dit : Répondre

    Magnifiques photos super étonnantes, mieux qu’Échappées Belles !

    1. Merci mon plus fidèle lecteur. À travers nos photos, j’ai voulu retransmettre ces moments incroyables avec les Himbas.

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