La Route du Rhum Malgache

De Nosy Bé, nous embarquons sur une grande pirogue traditionnelle de voyage pour 10 jours de croisière à la découverte de l’archipel des Radamas et de ses habitants, les Sakalava. Les étapes ne sont pas définies à l’avance, elles sont adaptées en fonction du vent, des imprévus, c’est un vrai voyage de découvertes totalement hors des sentiers battus.

Notre croisère aux îles Radamas

Notre pirogue traditionelle

Notre bateau est une pirogue à balancier, ce sont des multicoques traditionnels qui remontent à plus de 2800 ans et sont à l’origine des premiers peuplements de Madagascar en provenance entre autres d’Indonésie, de Malaisie… Dans le nord-ouest de l’île, il y a partout des pirogues plus ou moins grandes.

Notre pirogue ©La Petite Aventure

La nôtre est une pirogue de voyage qui mesure 12 mètres et pèse deux tonnes. Sa voile en forme d’aile d’oiseau mesure 80 m². Elle n’a quasiment pas de tirant d’eau, ce qui permet d’accoster partout.

À l'avant de la pirogue ©La Petite Aventure

Notre équipage

Notre équipage malgache se compose de Jacky le guide, Jo le skippeur, René le matelot et Bruno le cuisinier. Le bateau est bien chargé en matériel de cuisine, de bivouac et divers sacs. Et notamment 10 litres de rhum ! Nous avons de la nourriture fraîche pour quelques jours ensuite, il faut pêcher ou acheter à des pêcheurs pour avoir des repas frais.
Le matin, nous naviguons et l’après-midi, on met pied à terre. Nous dormons sous tente sur les plages.

La vie à bord et à terre ©La Petite Aventure

Le rythme de la croisière

Pendant cette croisière, la mer est la seule voie d’accès à ce monde préservé, décalé et tout à fait hors normes. En effet, côté « Grande Terre », c’est ainsi que l’on nomme les côtes malgaches, elles sont pour l’essentiel totalement coupées des voies de communication routières. La première piste est à une cinquantaine de kilomètres.

Pêcheur rencontré ©La Petite Aventure

Nos journées commencent vers 5 h 30 / 6h du matin. Nous prenons le petit déjeuner en même temps que nous rangeons. Chaque matin, Bruno nous régale de crêpes accompagnées de mangues et papayes.
Puis, c’est l’embarquement, il faut amener au bateau tout le matériel. Chacun porte sur sa tête bassines et paniers et Jo organise le rangement à bord. Au fur et à mesure des jours, certains paquetages s’allègent.

Débarquement ©La Petite Aventure
Tout le matériel à embarquer et débarquer ©La Petite Aventure

Puis vers 7 h 30, on largue les amarres pour une nouvelle navigation. Le matin, en général, le vent est faible et forcit au fur et à mesure. Certaines parties sont faites au moteur si le vent ne se décide pas. Dans l’après-midi, un vent thermique assez fort se lève, c’est pourquoi nous accostons pour le reste de la journée.

Boutre rencontré ©La Petite Aventure

Le matin, Jacky met l’ancre près de beaux endroits pour faire du snorkeling, la mer étant calme, c’est plus agréable. René, ancien pêcheur de langoustes accompagné de Théo part à la chasse sous-marine. Les fonds sont extrêmement riches et nous prélevons juste le nécessaire pour nos repas. Nous mangeons très souvent des langoustes, nous découvrons certains poissons comme le carang et le thazard.

Jacky préparant les langoustes ©La Petite Aventure

Bruno, notre cuisinier les fait griller, en sauce ou en carpaccio. Tous les plats sont un délice. Le déjeuner se passe à bord. La cuisine se fait au charbon dans le fond de cale, le côté du bateau noircit tranquillement avec les flammes !

La cuisine à bord ©La Petite Aventure

Chaque repas commence par l’apéritif. Jacky prépare des ti-punchs. C’est un vrai rituel, il installe sa planche en bois, dispose le sucre, coupe les citrons verts et prépare les verres. Sous une température de 35° parfois un peu plus, le rhum nous fait somnoler l’après-midi et bien dormir le soir. En 10 jours de mer, nous avons bu 10 litres de rhum blanc. C’est pourquoi, nous avons baptisé la croisière, la « Route du Rhum » ! Célèbre course à la voile qui part de St Malo pour rejoindre Pointe à Pitre.

Préparation des ti-punchs ©La Petite Aventure

Sous voile dans les Radamas

Lorsque le vent est au rendez-vous, la voile est hissée. C’est une voile austronésienne, il s’agit d’une voile triangulaire de forme inversée par rapport à une voile latine (pointe de la voile vers le bas) libérant ainsi une prise au vent importante en sommet de voile.
La voile est libérée de la bôme et est ensuite tirée à certains angles et installée en fonction du vent. Ils sont à trois pour étarquer la voile de 80 m² et Jo, le skippeur, bloque les écoutes par de savants nœuds sur une barre en bois, aucun taquet coinceur, seules quelques poulies ont été installées pour aider à la manœuvre.

Sous voile ©La Petite Aventure

Pour barrer, Jo est assis à l’arrière de la pirogue dans un espace triangulaire pas bien large. La barre se manie avec des cordages soit à la main, soit au pied. J’ai bien sûr essayé et ce n’est pas évident du tout, car la position n’est vraiment pas confortable.
Quand la voile est bien réglée, le bateau atteint rapidement des vitesses étonnantes. La sensation est très agréable, on a souvent l’impression d’être dans une sorte de planeur tellement on glisse en silence au ras de l’eau. Un taud est toujours installé et c’est très confortable.

Jo à la barre ©La Petite Aventure

D'îles en îles

Nos escales à terre sont toutes différentes et chacune à son charme.
Nous débutons à Marotoney où nous bivouaquons sur notre première plage.
Le deuxième jour, on longe encore un peu « La Grande Terre » puis nous partons vers le large, vers les îles des Radamas. Entre nous, nous en parlons depuis plusieurs mois, et sommes curieux de les découvrir, ce nom fait rêver. Nous découvrons Nosy Berafia, c’est la plus grande île des Radamas qui mesure environ 10 km de long et 3 km de large. Nous partons explorer l’intérieur de l’île. C’est surprenant, nous découvrons beaucoup de cultures : jujubiers, kapok, cannelle, manguiers, poivriers, café, cacao, vanille… Nous croisons aussi des zébus, des poules et des canards. L’île est très riche.

Intérieur des terres ©La Petite Aventure

Vers Nosy Lava

Le lendemain, on part vers l’île la plus au sud, Nosy Lava. Après un déjeuner en mer, le vent forcit et la mer se forme, Jacky décide de faire une étape supplémentaire, nous rejoignons « Grande Terre » pour cette escale improvisée. Sur ce bout de côte, quelques maisons d’une même famille sont installées et Jacky part demander si nous pouvons nous installer à côté. Nous nous éloignons du petit village et nous installons sous de grands arbres, l’endroit est superbe. Ici la terre est très rouge.

L’après-midi, il y a toujours beaucoup de vent et c’est bien pour ne pas se faire dévorer par les moukafous. Ce sont de petites mouches des sables invisibles qui provoque de l’urticaire. Quelquefois, on baisse la garde en restant un peu trop longtemps en maillot de bain, en ne se protégeant pas assez de spray 5/5 et hop, on est dévoré. Laurent a eu à peu près 50 piqûres dans le dos et moi pareil aux jambes. Théo a été épargné. Les piqures grattent beaucoup et il y a de quoi devenir dingue, on a essayé toutes les crèmes qu’on avait pour finalement les brûler une par une avec une aiguille !! Et pourtant, on les connait, car dans divers pays où on a été, en Écosse, en Australie, ce sont les mêmes sous un autre nom.

Fin de journée sur les Radamas ©La Petite Aventure

Comme chaque jour, les gars partent à la source. Celles-ci sont bien souvent sous les arbres et infestées de moustiques. Nous prenons l’eau et faisons notre petite douche bien à l’écart. Voilà pour les petites bêtes agaçantes qu’on a rencontrées.

À l'une des sources ©La Petite Aventure

Ce matin, le vent est au portant et la navigation est super agréable pour rejoindre Nosy Lava. Quand on débarque, la mer est basse et le portage sous la chaleur est plus sportif !

Le bonheur d'être sur l'eau ©La Petite Aventure

Nosy Lava a la particularité d’être infesté de « cram-cram ». Le « cram-cram » est une plante africaine d’ont l’épillet très piquant s’accroche aux vêtements, se collent sous les tongs et fait très mal quand on marche dessus pieds nus. Nous sommes surpris d’en trouver ici, car on la trouve surtout dans les zones sahéliennes. Jacky nous explique qu’à Nosy Lava, une prison a été construite par les Français et pour éviter toute évasion, ils ont importé du cram-cram. Aujourd’hui, la prison ne fonctionne plus, mais le cram-cram est toujours là ! Dans l’après-midi, nous partons se balader dans les ruines de la prison, l’atmosphère est étrange et a quelque chose d’irréel dans ce paysage de carte postale. 

Prison de Nosy Lava ©La Petite Aventure

Remontée vers le nord

Nous n’irons pas plus au sud et notre remontée commence déjà. Nous rejoignons Antany Faly. Sur cette île, des tortues viennent pondre. On voit les trous, des traces fraîches le matin, mais malheureusement, on ne les verra pas. La journée se passe entre la pêche et la balade au village de l’autre côté de l’île. 

Vers Ambarioptaka

Souvent le matin, avant de partir, nous piquons une tête, l’eau est divine autour de 28°. Aujourd’hui, nous naviguons un peu large et avons la chance de croiser une baleine et son petit. Ce sont des baleines à bosse qui viennent tous les ans de l’Antarctique pour mettre bas. Nous arrivons à les suivre un moment, l’instant est magique.

Pour le déjeuner, nous accostons à Ambarioptaka. L’endroit est tranquille et magnifique. Nous n’irons pas plus loin pour aujourd’hui. Le soir, au loin, nous voyons des baleines sautées.

Les dernières escales

Une nouvelle étape à Ambariomena. Nous sommes à l’entrée d’un estuaire et l’après-midi, nous partons sur la pirogue le remonter. Ici, c’est la mangrove qui domine. Puis, Jo nous déposera avant le camp et nous rentrons à pied par le village.
Notre dernière étape, nous emmène à la baie des Russes, nous ne sommes plus qu’à 20 km à vol d’oiseau de notre point de départ Nosy Bé. La baie des Russes tire son nom de l’escadron de la Marine Russe qui y fit un passage pendant la guerre entre les Russes et les Japonais en 1905. Cet escadron fut ensuite oublié et on trouve un petit musée qui retrace leur histoire. À la tombée du jour, on aperçoit des lémuriens dans les arbres.

Scènes de vie à bord ©La Petite Aventure
Dernier poisson pêché ©La Petite Aventure

Chaque île a sa particularité et découvrir ce monde à part, vivre hors du temps, loin de tout réseau, en famille est un privilège. Il se dégage de ce monde un parfum de liberté authentique et rare que chacun a su apprécier sur l’eau, dans l’eau, sous l’eau et à terre. Un voyage dans notre voyage à Madagascar, une parenthèse juste exceptionnelle.

Nous vous recommandons

Suivez-nous

8 Replies to “La Route du Rhum Malgache”

  1. Cette croisière fait rêver, ah ! si on était plus jeune…

    1. Tu voyages à travers mon récit et mes photos 🙂

  2. "La route du Rhum malgache" dit : Répondre

    Comme d’habitude tout est tellement bien décrit qu’on y est ! Les photos sont magnifiques. Bravo !!

    1. Merci Stéphanie. C’est un plaisir de partager.

  3. Magnifique ! ça donne envie ….. Bravo

    1. Merci Caro, il ne te reste qu’à faire ta valise…

  4. Tellement de bonheur à lire toujours vos voyages incroyables et authentiques! Merci de tout cœur ! ✨✨✨

    1. Merci Laetizia pour ce joli compliment.

Laisser un commentaire