Lors de notre voyage à Madagascar, nous embarquons pour trois jours de descente sur la rivière Tsiribihina, une navigation au rythme des villages et des rencontres.
Découverte de la rivière Tsiribihina
Nous passons le village de Masamkiapy avec un petit arrêt, car c’est le jour du marché. Le village est très animé, nous achetons 2/3 bricoles dans une épicerie et reprenons la piste vers l’embarcadère. Nous croisons de nombreuses charrettes à zébu maniées avec beaucoup de dextérité par des conducteurs souvent très jeunes. Puis, nous rejoignons Mazieka pour l’embarquement.
Nous avons choisi de faire la descente de la rivière Tsiribihina en challand et non en pirogue. Il faut 3 jours et 2 nuits pour parcourir les 160km pour rejoindre Belo sur Tsiribihina. Tsiribihina se traduit littéralement par « où l’on ne plonge pas » et fait partie des fleuves importants de la Grande Île. On n’y plonge pas, car des crocodiles y résident.
Premier jour sur la Tsiribihina
Nous embarquons. Notre guide Zyva ne vient pas avec nous, nous partons avec Leener et un équipage composé d’un skippeur, un matelot et un cuisinier et deux aides. Notre bateau est un challand, baptisé « Salama », il mesure 17 mètres de longueur et un peu moins de 3 mètres de largeur. Rapidement, nous prenons places sur le pont supérieur où des chaises longues nous permettent d’avoir une vue panoramique sur les rives toujours animées..
Au fil de l’eau, nous découvrons les rives de la Tsiribihina. Des paysages très reposants défilent sous nos yeux. L’eau est calme, du riz est planté sur les bords sablonneux. L’ensemble fait de jolies couleurs douces.
Pour le déjeuner, nous accostons. Ce qui fait une petite pause technique car le bateau n’est pas équipé de toilette. En effet, ici nous sommes en territoire Sakalave et on ne fait pas ses besoins dans l’eau.
Notre guide est très bavard et nous parle des différentes ethnies du pays. Ici, nous sommes en pays Sakalava. Ce groupe ethnique occupe la majeure partie de la frange côtière de la région Sambirano au nord jusqu’à Tuléar au sud.
Ce bref aperçu de la culture et des pratiques des Sakalava dévoile un aspect fascinant de la diversité culturelle de Madagascar, illustrant comment les racines matriarcales ont influencé l’identité nationale malgache. Les Sakalava forment aujourd’hui un seul et même groupe culturel principalement ancré dans les régions du Menabe et du Boeny.
Cette communauté est devenue l’une des plus importantes du pays, très attachée à la préservation d’us et coutumes hérités de ses ancêtres. Le bain des reliques des Rois Sakalava, une cérémonie sacrée importante, a lieu tous les 5 ans sur le fleuve.
Dans l’après-midi, nous rejoignons une cascade. Nous croisons nos premiers lémuriens et caméléons. Le bain dans l’eau pure et turquoise est une merveille, cela nous rafraîchit bien, car il fait environ 35°.
Ce soir, le camp est sur les berges sablonneuses de la rivière près d’un village. Nous montons les tentes avec l’équipage. Deux tentes type militaires avec lit pico et matelas, drap et couette, c’est du camping de luxe. La couette est bien appréciée, car les nuits sont fraîches.
Deuxième journée sur la Tsiribihina
Ce matin, un jeune garçon passe en pirogue livrer des gambas. Notre cuisinier les a commandés il y a quelques jours. Il est ravi, le cuisinier lui achète tout son lot.
Les gambas sont cultivées à l’embouchure du fleuve par les chinois et partent directement à l’exportation. Certaines s’échappent et remontent le fleuve. Les villageois ont installé un système ingénieux pour les attraper. Ils mettent une boule de paille avec au milieu un bâton à la surface de l’eau. Les insectes s’y accrochent, les gambas sont attirées et il reste juste à les cueillir. Le prix est attractif : 2€ / kilo !
Dans la matinée, nous stoppons à Begidro, gros bourg de 1500 personnes, c’est le jour du marché et de nombreux villageois des alentours y viennent pour vendre et acheter des marchandises. L’animation est à son comble. Chez les Sakalava, ce sont les femmes qui vendent. La concession de tabac est fermée, nous ne la visiterons donc pas. Nous sommes entraînés vers l’école où nous faisons un petit don.
Les femmes Sakalavas portent un masque fait à base de bois de santal. Ce masque a des vertus contre l’acné, les rides et les toxines. Il protège aussi du soleil et indique certaines périodes de leur vie (période menstruelle, post accouchement notamment).
Nous reprenons la navigation, nous slalomons entre les bancs de sable, il y a peu d’eau. Par moment, le matelot sort un bâton pour pousser le bateau. Sur le rivage, des enfants jouent, se baignent, des femmes lavent le linge, des hommes pêchent…
Nous sommes souvent sur le pont supérieur pour observer ces scènes. Leener, notre guide nous interdit de descendre, visiblement une surprise se prépare pour le déjeuner. Nous avons bien remarqué que depuis ce matin, le cuisinier s’active avec précision et amour. Nous avons le feu vert pour descendre, sur la table, dressé sur une feuille de bananier, différents mets sont disposés. Les gambas sont là et rivalisent avec les légumes joliment décorés. C’est une danse de saveurs et nous nous régalons.
Chaque plat, pendant cette croisière, a été soigneusement préparé et tout était bon. Nous avons goûté du poisson-chat qui au premier abord ne nous inspirait pas, mais qui finalement s’est révélé être très fin.
Nous croisons quelques crocodiles qui se prélassent au soleil.
La journée s’achève avec un coucher de soleil flamboyant et un petit rhum préparé par le cuisinier. Notre hôtel « 1000 étoiles » se met en place.
Troisième jour sur la Tsiribihina
Ce matin, la brume s’est invitée et l’ambiance est totalement irréelle.
Nous naviguons jusqu’en fin de matinée pour rejoindre le débarcadère où nous retrouvons Zyva pour la suite de notre aventure malgache.
Ce fut une jolie croisière hors du temps avec des paysages très doux.
Nous vous recommandons
- Cette croisière hors du temps sur la rivière Tsiribihina avec l’agence Sous l’Acacia
Toujours un plaisir de vous lire et d’admirer vos photos.
J’ai vécu toute mon adolescence à Mada (Diego puis Tana) et ce pays m’est très cher. Votre voyage est magnifique (j’envoie votre mail à mon frère).
Bonne continuation
Francine Minvielle
Bonjour Francine,
Un grand merci. C’est chouette si cela vous permet de replonger dans votre enfance.
Nous avons passé plus d’un mois à Mada, et j’ai encore quelques articles à écrire… J’ai adoré ce pays.
Les photos sont magnifiques dans cette ambiance d’un autre monde
Merci Papa, mon plus fidèle lecteur 🙂
Magnifique témoignage. C’est toujours un plaisir de découvrir ta prose et tes photos. Bravo et merci !
Merci Stéphanie 🙂