En 2021, nous avions déjà fait un voyage magique en Laponie suédoise, une jolie parenthèse que nous voulions partager à nouveau avec notre fils accompagné de sa petite amie. Cette année, en février 2023, nous avons donc décidé de repartir en famille.
Notre mini-raid en chien de traîneaux
Aujourd’hui, c’est le départ pour un mini-raid de 2 jours en chiens de traineaux. Nous sommes 6 voyageurs accompagnés par Laura, la guide musher et Tonyo, le handler.
Nous partons pour deux journées dans la peau d’un musher pour arpenter les sentiers enneigés de la Laponie suédoise avec en tête les récits de Jack London.
La composition du traineau
Au camp de base, les chiens et les traîneaux nous attendent. Chacun de nos traineaux se compose de 4 chiens, la composition de l’attelage est très importante. Chaque chien a une fonction bien précise. A l’arrière ce sont les « wheel dogs », ce sont les chiens les plus près du traineau. Ce sont aussi les plus puissants et les plus costauds de la meute. Ce sont eux qui vont porter le plus lourd du traineau et permettre l’impulsion nécessaire au démarrage de celui-ci. Les miens s’appellent Miwok et Makoi, deux frères qui aiment être ensemble.
Devant ce sont les « lead dogs », ils doivent être obéissants, intelligents et rapides. C’est eux qui répondent directement à nos ordres et transmettent l’impulsion et le rythme aux autres chiens. Les miens sont Otto et Una.
Lorsqu’un traineau est composé de plus de 4 chiens, on a en plus les « swing dogs », qui secondent les leaders et les « team dogs », c’est le gros de l’équipe dans un attelage de 8, 10 ou 12 chiens. Il faut bien composer les duos. Un jeune chien apprend auprès d’un plus ancien. Certains chiens aussi s’entendent très bien, les mettre côte à côte les motivent.
Tonyo nous présente à nos chiens. Nous leur installons leurs harnais et des petites chaussettes de protection pour certains tout en faisant connaissance. Tous ces chiens sont très sympas. Ils sont bien éduqués, soignés, reçoivent plein d’amour et cela se sent.
Laura conduit le traineau de tête accompagné de Tonyo. Elle connait bien ses chiens, est à leur écoute et sait se faire écouter quand elle donne les ordres. À chaque croisement, il faut indiquer aux leaders quelle direction prendre.
Une journée de raid en chien de traineau
Quand les chiens sentent le départ proche, c’est l’excitation, les aboiements se multiplient, les chiens sautent dans tous les sens tout en se répondant entre eux mais aussi avec le reste de la meute qui reste au chenil. Les chiens tirent déjà beaucoup et il faut bien garder le pied sur le frein. L’adrénaline monte. Puis, Laura lance son traineau et chacun d’entre nous, l’un après l’autre en gardant une distance de sécurité, nous nous élançons. Tout d’un coup, c’est un grand silence qui s’abat.
Très vite, chacun trouve ses marques sur son traineau, il faut freiner les chiens afin qu’ils trouvent leur rythme au trot et ne s’épuisent pas. C’est comme une course à pied, ne pas partir trop vite pour durer. Les paysages se succèdent, forêts de sapin, de boulot, chemin plus ou moins larges. La sensation de glisse est très sympa, on se sent vite en harmonie avec ses chiens. La neige et le silence vous enveloppent. Et la lumière d’un ciel bleu nous accompagne.
Notre déjeuner - trappeur
Après 32 km et 3h, nous faisons une pause pour un déjeuner trappeur. Un feu fait avec du bois de bouleau et allumé avec uniquement des morceaux d’écorces de bouleau, épatant pour démarrer le foyer, est vite mis en place dans un trou de neige. Laura nous concocte des croque-monsieur. Nos chiens ont droit à une boulette de viande enrobée d’huile de coco, très protéinée après tous ces efforts. Leur alimentation est très surveillée afin d’éviter un retournement d’estomac. La pause dure juste le temps du déjeuner car on se refroidit vite, la température est aux alentours de -11° aujourd’hui sans trop de vent.
La fin d'une journée de raid en chiens de traineau
Nous arrivons après 14km et 1h20 à notre camp. Une petite cabane rouge au bord d’un lac gelé appelée stuga. C’est une tradition suédoise d’avoir sa petite maison rouge au bord d’un lac. L’endroit est incroyable. Le soleil se couche vers 15h30 mais la lumière reste présente encore jusqu’à 17h. les journées se terminent à la lampe frontale.
À l’arrivée, les chiens sont félicités, câlinés, nous leur enlevons leurs harnais, vérifions leurs coussinets. En cas de blessures ou coupures il faut appliquer une crème grasse et cicatrisante car la glace est parfois coupante. Ensuite, les chiens ont droit à une soupe claire à base de poisson ou de sang pour se réhydrater et 2 heures après, c’est le vrai repas à base de viande.
En attendant le repas des chiens, nous commençons creuser un trou dans la glace. Le lieu est magique. Armés d’outils pour forer, d’une scie et d’une pelle, nous forons, scions pour dessiner un joli trou carré. La pelle nous sert à enlever les blocs de glace. L’eau sert à la cuisine mais ce trou sert aussi à se baigner ! Pour l’instant, nous sommes emmitouflés dans nos vestes grand froid, un peu fatigués des 45km en chien de traineau de la journée. Chacun regarde le trou, commente, s’interroge pour savoir s’il sera capable de se tremper…
Après cette journée déjà bien remplie, un petit goûter nous attend. Nous dégustons des kanelbulles, des petites brioches à la cannelle avec un thé. Puis, nous allons nourrir les chiens, enfin ils s’installent dans leurs niches ou en boule dans la neige pour la nuit. Quant à nous, direction le sauna et le bain glacé.Bien installés dans le sauna où la température avoisine les 70°, nous discutons des bienfaits de notre futur bain.
Immersion dans un bain glacé
À première vue, l’idée nous fait frissonner. Pourtant les bains d’eau glacée présentent de nombreux avantages pour la santé. Ici, la température de l’eau est entre 0° et 5°, c’est considéré comme une eau glacée, au-dessus de 5° l’eau est froide.
La baignade en hiver dans une eau glaciale, est un rituel ancestral en Scandinavie, qui remonte à l’époque viking, il y a plus de 1 000 ans.
Des études ont démontré que se tremper dans l’eau glacée est bon, et y nager est encore meilleur. L’eau glacée a des effets sur le corps, elle améliore la circulation sanguine, stimule le système immunitaire et très certainement d’autres choses. Elle a aussi des effets positifs sur notre esprit. L’eau glacée permet de diminuer la tension, la fatigue, les humeurs négatives et d’améliorer le bien-être général. Pour résumer, un bain d’eau glacée ne peut être qu’une expérience enrichissante !
En effet, pour réduire le choc thermique, l’échauffement mental est impératif. Exercices de visualisation, de respiration, de méditation, toute une batterie de techniques de gestion du stress va nous permettre de supporter l’insupportable.
Chacun visualise le chemin, nous avons environ une centaine de mètres à faire entre le sauna et le trou d’eau. Dans le sauna, on commence une respiration abdominale, j’inspire, je gonfle le ventre, j’expire, je souffle en profondeur. Chacun se met dans sa bulle, en légère méditation et se prépare mentalement. Vincent, notre ami et guide, nous accompagne de sa voix. Sur les 6 voyageurs, nous sommes 4 prêts pour ce petit défi.
C’est parti, le défi commence par ne pas glisser en crocs sur la neige glacée pour rejoindre notre « piscine ». Nous sommes tous les 4, Léna, Théo, Fanny et moi au bord du trou, calé sur notre respiration, très concentrés.
Léna est la première à se lancer, sans aucune hésitation, elle est impressionnante. Puis chacun à notre tour, nous descendons dans le trou d’eau glacée. Nous restons une petite minute. La personne qui descend est encouragée par les autres. Nous restons soudés pour relever ce défi. Je dirai que d’être concentré sur sa respiration évite de penser car pour descendre dans une eau glacée, il ne faut pas trop réfléchir ! Si on cogite trop, on n’y va pas, il faut poser le cerveau. Il faut garder une respiration homogène car le choc thermique provoque une hyperventilation. Une fois dedans, il faut se forcer à rester quelques secondes voir 1 minute pour que le corps s’habitue car au début ça pique ! Puis, quand tu ressors, tu n’as pas du tout froid, et tu regardes ce trou où de la glace commence déjà à se former sur les côtés, l’environnement blanc, ce lac gelé et tu as l’impression de planer.
En sortant du bain, c’est la phase la plus difficile. Ça brûle, ça fait mal. Je me mets à trembler très fort, c’est le corps qui lutte contre l’hypothermie. Donc, direction le sauna pour se réchauffer et après quelques minutes, tout rentre dans l’ordre.
C’est un beau dépassement de soi que nous venons d’accomplir. Et nous reconnaissons que c’est incroyable comme cela fait du bien.
Soirée avec les aurores boréales
Il est 18h30, Laura, notre guide-musher, est en train de préparer le dîner sur le feu à l’extérieur de la maison. Certains d’entre nous sont dehors, les autres à l’intérieur. La maison est simple et se compose d’une seule pièce. Une cheminée et un poêle, 3 lits superposés. C’est chaud et convivial. Laura nous alerte, une aurore boréale apparait dans le ciel.
En quelques instants, nous nous retrouvons tous sur le lac. Et le spectacle est incroyable. Dans le ciel, se forment des traînées vertes qui évoluent et dessinent des vagues.
Les aurores boréales sont un phénomène physique provoqué par l’interaction entre les particules chargées du vent et celles de la haute atmosphère terrestre. Cette interaction entraîne la libération d’énergie sous forme de photons (particule de la lumière visible) et créent les aurores boréales. Ce magnifique spectacle va durer 2h, l’aurore bouge, change, c’est à couper le souffle. D’un côté, cette magnifique aurore boréale et de l’autre une belle nuit étoilée.
Puis, nous nous attablons devant une bonne poêlée.
Pendant la nuit, certains se lèvent pour aller aux toilettes. Ce sont des toilettes sèches situées à 100m de la cabane. Le spectacle des aurores et des étoiles fait oublier le froid piquant de la nuit ! Nous retournons vite dans notre lit douillet, un sac à viande en polaire épais et un duvet grand froid nous réchauffe rapidement. Et, il est vrai qu’après quelques jours avec des températures négatives, le corps s’habitue au froid et on résiste mieux.
Nouvelle journée en chien de traineau
Le lendemain, nous repartons par un chemin différent pour rejoindre le camp de base. Après le déjeuner, nous traversons ce qui est des marais l’été, la piste n’est pas tracée. Laura passe devant à pied, avec de la neige à la taille, elle trace le chemin et indique aux chiens où passer. Elle est impressionnante du haut de ses 1,60m. Une fois la piste tracée, nos traineaux suivent. Les chiens s’enfoncent jusqu’à garrot mais avancent, ils sont impressionnants.
Cette journée, nous avons fait 32km en 3h le matin et 14km en 1h20 l’après-midi.
Les kilomètres, les temps et la carte sont précis grâce à Fanny et Vincent, nos compagnons de voyage, qui avaient des montres connectées.
Ce mini- raid est une belle expérience, un moment hors du temps, où l’on vit avec les chiens, à leur rythme. Complètement déconnectés du monde, on profite chacun des uns et des autres. C’est un privilège.
ça fait froid mais c’est bien beau !
C’est vrai mais c’est tellement envoûtant qu’on en oublie le froid !