Arrivée à Fort Dauphin, tout au sud de la Grande île, il faut maintenant rejoindre la capitale en longeant la côte Est Malgache. Nous empruntons donc « la route bac +10 ». Elle est nommée ainsi en raison des 10 bacs et des 5 ponts que l’on doit traverser pour rejoindre Farfanga.
La côte Est Malgache
La piste qui longe la côte se situe plus à l’intérieur des terres, sur une sorte de plateau entre la mer et la chaîne de montagne qui donnent accès aux hauts plateaux du centre de l’île. Cette zone est peu peuplée, c’est le domaine de Tanala « gens de la forêt » qui vivent de l’agriculture de montagne. Sur cette bande côtière, les groupes culturels se rattachent par leurs traditions à des origines arabes. On cultive du riz, mais aussi des caféiers, des girofliers, des poivriers, des litchis et de la canne à sucre.
Les passages des bacs
Notre première journée sur la côte Est nous mène jusqu’à Sandravinany, environ 150 km que nous faisons en 12h. C’est une vraie aventure.
Nous sommes partis vers 6 h 30 de Fort Dauphin, Zyva, notre chauffeur est un peu stressé, car il n’a pas pris cette route depuis très longtemps et ne sait pas quel va être l’état de la piste, des bacs et des ponts… Nous lui disons que nous avons tout notre temps et que l’on trouvera des solutions s’il le faut.
Nous partons sous la pluie, le début est tranquille, la piste a été refaite par une entreprise chinoise, une belle piste en latérite rouge où il faut tout de même être vigilant, car sous la pluie c’est très glissant.
Les villages détrempés et boueux contrastes avec les nombreux villages croisés sous le soleil les jours précédents. Un peu plus d’une heure après, nous atteignons le premier bac.
En effet, cette journée va être ponctué de plusieurs passages de bacs. De nombreux bras d’eau coupent la piste, sans pont construit, le bac est le seul moyen de traverser. Ces bacs sont des bacs à la main. Une corde est tendue et attachée de chaque côté, un système de poulies, de manivelles et de bras d’hommes permet de le faire avancer.
Le premier bac, Mahatalaky, se passe rapidement, nous attendons à peine 10 minutes.
C’est reparti. Deuxième bac, Vatomihindry puis le troisième, Labokoho. Il est 9h.
Entre les bacs, c’est une piste, seuls les passages à gué sont en goudron avec une échelle pour mesurer la hauteur d’eau. En ce moment, il n’y a pas trop d’eau donc pas de courant et ces passages sont tranquilles.
Quatrième bac, Manambato, le bac vient de partir de l’autre côté. Heureusement, ici la rivière n’est pas très large. Nous patientons avec les marchandes qui proposent des bananes, du poisson, des arachides… D’autres femmes font la lessive, des enfants jouent…
Nous traversons des paysages vallonnés où les arbres du voyageur sont partout. Son nom vient du fait que sa sève abondante est facile à extraire d’un coup de machette, ce qui permet au voyageur de se désaltérer. L’arbre du voyageur est plus une plante, son nom malgache « ravinala » signifie feuille de la forêt.
Puis, nous reprenons notre cinquième bac, Esama, puis le sixième bac, Manentina, nous achetons une barre de céréales locales, des cacahuètes fondues avec du sucre. Cela nous fait du bien, car il fait chaud et nous commençons à sentir la fatigue.
À chaque passage, des habitants se précipitent pour profiter du passage. Les voitures payent et les passagers à pied en profitent gratuitement.
Pour notre septième bac, Maroroy, l’attente est plus longue, nous en profitons pour manger le pique-nique préparé par le lodge.
Après ce petit répit, nous reprenons la piste. Une piste très ravinée pendant la saison des pluies qui laisse des trous et bosses importantes. Le 4×4 danse sur la piste et nous avec !
En fin d’après-midi, nous atteignons le huitième bac, Befasy. La rivière est large et nous envoyons un jeune en pirogue prévenir le bac qui est de l’autre côté qu’il vienne nous chercher. La traversée se teinte des couleurs de fin de journée, la lumière est superbe.
Il va bientôt faire nuit, il nous reste 5 km. En soi, 5 km ce n’est rien, mais ces 5 km sont mémorables tellement la piste est pourrie. Laurent et Théo guident Zyva pour l’aider à passer aux meilleurs endroits. Notre chauffeur est un as et le 4×4 en très bon état, ce qui aide beaucoup. Et moi, je filme, prend des photos.
Nous arrivons à la nuit noire, il est 18 h 30 à Sandravinany. Vanessa nous accueille dans son gîte « La maison bleue ». Elle est charmante et nous apporte un seau d’eau chaude. Un vrai bonheur pour délasser nos corps avant de déguster un superbe plat de langoustes et de poissons réservé le matin par Zyva. Nous le dégustons sous un déluge de pluie. Impossible de parler tant le bruit de la pluie sur la tôle est assourdissant.
Le passage des ponts
Après un petit-déjeuner bien consistant, nous repartons. Ce matin, la piste est bien meilleure, nous roulons tranquillement avec quand même des passages plus compliqués.
Aujourd’hui, la difficulté ce sont les ponts. Ces ponts sont construits avec des planches en bois posées sur des traverses en acier. Ils ne sont pas du tout entretenus et sont la plupart du temps en piteux état.
Deux heures que nous sommes partis et le premier pont est là-devant nous. J’hallucine complètement, à certains endroits, ils restent juste les traverses. Et il faut qu’on passe, c’est la seule route. Zyva, très zen, inspecte, commente avec Laurent et Théo, ils remettent 2/3 bouts de bois. Et c’est parti.
Zyva est au volant, guidé par Laurent. Les pneus du 4X4 font juste la largeur de la traverse, le guidage est au centimètre près. Et ça passe tranquillement.
Le deuxième pont encore plus délabré se passe sans encombre.
Au troisième pont, trois types sortis de nulle part arrivent et proposent de nous guider. Zyva les laisse faire tout en nous disant de le guider. Ce que nous faisons, Laurent se poste derrière eux et guide Zyva. En effet, sinon les types s’arrangent pour qu’une roue de la voiture tombe de la traverse. Ainsi, moyennant finances, ils sortent ensuite la voiture de ce faux pas. Il s’en est fallu de peu pour la roue bascule dans le vide.
Nous reprenons ensuite la route, le pont suivant est un jeu d’enfant. Il suffit de payer et les types remettent des planches au fur et à mesure et décale le camion qui bloque le pont de l’autre côté. Un business lucratif !
Puis, un bac nous attend, Masainaka, c’est un bac à moteur qui va vite avec beaucoup de va-et-vient. Aux alentours, les femmes ont installé des pièges à crevettes. Sur des bouts de bois sont attachés des herbes dans lesquelles les crevettes viennent manger et se retrouvent coincé.
Nous terminons notre route jusqu’à Manaka. Il a plu beaucoup et la piste est très boueuse, la voiture glisse par endroit. Des petites déviations sont mises en place par les villageois, souvent des enfants. Avec un grand sérieux, ils vous bloquent et réclament quelques ariarys pour lever la barrière. Zyva donne un petit bakchiche et un grand sourire illumine le visage de ces enfants.
Dans cette région, la végétation est luxuriante, on voit des girofliers dont l’odeur embaume, des caféiers, des ananas et bien d’autres…
Aujourd’hui notre moyenne a été meilleure, 9 h 30 pour faire 250 km.
Il faut reconnaitre que ces deux journées « aventure » ont été un peu dur. Nous avons traversé des bacs et ponts incroyables, vu et vécu des moments dingues et surtout, on a bien rigolé et si c’était à refaire, nous signons tout de suite !
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